vendredi 4 mars 2016

Quel avenir pour les agents régionaux ?



                 

 Quel avenir pour les agents régionaux ?

La nouvelle Assemblée régionale s’est réunit le 28 janvier dernier pour mettre en place les instances de gouvernance indispensables au fonctionnement de la Région. Notre administration devrait voir une nouvelle ère se dessiner. La question est de savoir quand ?


Comme l’annonce notre Directeur Général des Services, Guillaume Boudy « la création d’une nouvelle administration régionale unifiée, chantier majeur et inédit, jamais mené jusqu’à présent dans une telle ampleur, va tous nous mobiliser dans les semaines et les mois qui viennent. Une construction aussi complexe ne se fera pas en quelques jours. Nous prendrons le temps de l’analyse des situations et des spécificités de chacune des administrations d’origine et de leurs agents pour conduire cette mutation. »


Nous ne pouvons qu’adhérer à ce principe du changement mais les questions se posent quant au « comment » mettre en place ce changement. Les situations entre l’Auvergne et Rhône-Alpes sont variées, la politique en ressources humaines différente. Les agents régionaux sont en droit de s’interroger.  Il est annoncé une nouvelle organisation, des méthodes et des procédures rénovées.

 

En Rhône-Alpes, les déclarations de Laurent Wauquiez, ont suscité un espoir certain pour les agents du siège. Mais que savons-nous des espoirs de nos collègues d’Auvergne et de ceux qui travaillent sur les différents territoires dans les lycées ? Il serait faux de penser que leur éloignement les tiendrait à distance de la nouvelle entité régionale et des futures pratiques professionnelles à mettre en place. Il faut aussi pouvoir compter sur les agents des lycées pour porter les nouveaux objectifs de la nouvelle Région. Il nous est annoncé moins de lourdeur hiérarchique, plus d’idées en adéquation avec les besoins des territoires, plus d’actions, plus de pragmatisme et de dialogue. Ce coup de balai pour dépoussiérer les habitudes de travail ne peut que susciter l’intérêt. Mais qu’en est-il de l’adhésion ? Quelle sera la méthode employée ? Les équipes sont tiraillées entre le désir de voir bouger rapidement les choses et l’interrogation quant à l’existence d’une véritable culture commune « Auvergne-Rhône-Alpes ». Recueillir la voix des agents est fondamental. Pour bien travailler ensemble, nous devons partager les mêmes valeurs et aller vers la simplicité dans les relations.



Il faut nous pardonner un certain empressement à voir changer les choses. Mais pour l’heure, pas de conduite de changement en vue. Nous avons peu -voire pas- d’information sur la situation des agents en Auvergne. Par contre, en Rhône-Alpes, nous avons déjà vécu un changement d’organigramme imposé par le précédent exécutif qui a laissé un souvenir cuisant : une pseudo concertation aves les équipes, des pressions multiples et variées qui ont donné lieu à des protestations, un mouvement de grève et des agents sans services, sans directions, sans travail. Au final, une souffrance éthique et des douleurs mal pansées. Nous espérons  seulement que les nouvelles équipes mesurent bien le défi qui nous attend.



- La réalité en Rhône-Alpes


L’administration rhônalpine est exsangue, fatiguée par des pratiques managériales dilatoires menées depuis huit ans qui ont donné lieu à la création d’une école et d’une charte du management qui laissent perplexes les agents. Nous avons assisté à l’apparition forte du politique dans l’administration. Des règles en matière de ressources humaines à géométrie variable ont permis à certains de faire des carrières fulgurantes et à d’autres de faire du surplace, la nécessité au fil du temps d’analyser les situations difficiles des individus mais surtout des placebos en guise de solutions et pour finir une nouvelle organisation de la direction des ressources humaines qui a surtout ouvert la porte à beaucoup d’incompréhensions et de dysfonctionnements . Des dialogues difficiles sur les enjeux des effectifs  dans les lycées et des problématiques de double hiérarchie laissées en l’état. Une administration qui n’a pas cesser de se développer –passant de 40 à 9000 agents en 30 ans - et qui n’a pas su optimiser l’organisation du travail. Cette administration qui a créé les conditions du mal être et vu ces agents tombés malades comme jamais ces dernières années (mise en place des dispositifs ESPERE et PRAMPAMAL dont les résultats ne sont jamais publiés).
Pour construire cette nouvelle administration, il faudra savoir d’abord et avant tout restaurer le dialogue social. Donner des signes de justice et de probité pour que toutes les énergies puissent travailler à un  avenir commun. L’adaptation ne pourra se faire qu’à cette condition.  Sans cela, il est fort à parier qu’une nouvelle organisation sera vécue comme un « pansement sur une jambe de bois ». 



- Comment installer une culture commune ?


Les interrogations sur la méthode sont nombreuses et légitimes. Le calendrier des obligations législatives est connu mais pas celui qui impactera le quotidien des agents. Sur quels principes devra s’appuyer la nouvelle Région pour harmoniser et améliorer l’organisation des services ? Quelle stratégie sera retenue ? Comment trouver le bon équilibre en termes de fonctionnement  et de moyens entre les activités du siège et les activités déployées sur le territoire ? Comment mobiliser toutes les catégories d’agents sans exception ? La logique de projet sera-t-elle à l’ordre du jour pour accompagner le changement ? Comment faciliter l’acceptation par les agents de ce changement ? Les impacts du changement seront-ils évalués régulièrement et portés à la connaissance de tous ? Les procédures seront-elles simplifiées ? Quelle place les ressources humaines tiendront ? Les rémunérations seront-elles revues ? Comment vont évoluer les métiers, les pratiques professionnelles ? Comment bâtir des projets fédérateurs et porteurs de sens ? Quelle communication mettre en place auprès des agents, des élus, des partenaires, des citoyens ? Autant de questions pour lesquelles il n’y a pas de réponses aujourd’hui.
Guillaume Boudy, notre Directeur Général des Services, l’écrit : « Je mesure l’incertitude, parfois l’inquiétude qui peuvent découler de cette situation exceptionnelle et les efforts d’adaptation que nous aurons à faire ensemble, mais je sais que le nouvel exécutif régional peut compter sur le professionnalisme des équipes, la connaissance des dossiers et l’envie de faire de notre grande région un modèle de Service public du 21ième siècle. »  
L’espoir est grand, nous espérons qu’il ne soit pas déçu.