Quel avenir pour les agents régionaux ?
La nouvelle Assemblée régionale s’est réunit le 28
janvier dernier pour mettre en place les instances de gouvernance
indispensables au fonctionnement de la Région. Notre administration devrait
voir une nouvelle ère se dessiner. La question est de savoir quand ?
Comme l’annonce notre Directeur Général des Services, Guillaume Boudy « la création d’une nouvelle administration régionale unifiée, chantier majeur et inédit, jamais mené jusqu’à présent dans une telle ampleur, va tous nous mobiliser dans les semaines et les mois qui viennent. Une construction aussi complexe ne se fera pas en quelques jours. Nous prendrons le temps de l’analyse des situations et des spécificités de chacune des administrations d’origine et de leurs agents pour conduire cette mutation. »
Nous ne pouvons qu’adhérer à ce principe du changement mais les questions se posent quant au « comment » mettre en place ce changement. Les situations entre l’Auvergne et Rhône-Alpes sont variées, la politique en ressources humaines différente. Les agents régionaux sont en droit de s’interroger. Il est annoncé une nouvelle organisation, des méthodes et des procédures rénovées.
En Rhône-Alpes, les déclarations de Laurent Wauquiez, ont
suscité un espoir certain pour les agents du siège. Mais que savons-nous des
espoirs de nos collègues d’Auvergne et de ceux qui travaillent sur les
différents territoires dans les lycées ? Il serait faux de penser que leur
éloignement les tiendrait à distance de la nouvelle entité régionale et des futures
pratiques professionnelles à mettre en place. Il faut aussi pouvoir compter sur
les agents des lycées pour porter les nouveaux objectifs de la nouvelle Région.
Il nous est annoncé moins de lourdeur hiérarchique, plus d’idées en adéquation
avec les besoins des territoires, plus d’actions, plus de pragmatisme et de
dialogue. Ce coup de balai pour dépoussiérer les habitudes de travail ne peut
que susciter l’intérêt. Mais qu’en est-il de l’adhésion ? Quelle sera la
méthode employée ? Les équipes sont tiraillées entre le désir de voir
bouger rapidement les choses et l’interrogation quant à l’existence d’une véritable
culture commune « Auvergne-Rhône-Alpes ». Recueillir la voix des
agents est fondamental. Pour bien travailler ensemble, nous devons partager les
mêmes valeurs et aller vers la simplicité dans les relations.
Il faut nous pardonner un certain empressement à voir
changer les choses. Mais pour l’heure, pas de conduite de changement en vue.
Nous avons peu -voire pas- d’information sur la situation des agents en
Auvergne. Par contre, en Rhône-Alpes, nous avons déjà vécu un changement
d’organigramme imposé par le précédent exécutif qui a laissé un souvenir
cuisant : une pseudo concertation aves les équipes, des pressions multiples
et variées qui ont donné lieu à des protestations, un mouvement de grève et des
agents sans services, sans directions, sans travail. Au final, une souffrance
éthique et des douleurs mal pansées. Nous espérons seulement que les nouvelles équipes mesurent
bien le défi qui nous attend.
- La réalité en Rhône-Alpes
L’administration rhônalpine est exsangue, fatiguée par
des pratiques managériales dilatoires menées depuis huit ans qui ont donné lieu
à la création d’une école et d’une charte du management qui laissent perplexes
les agents. Nous avons assisté à l’apparition forte du politique dans
l’administration. Des règles en matière de ressources humaines à géométrie
variable ont permis à certains de faire des carrières fulgurantes et à d’autres
de faire du surplace, la nécessité au fil du temps d’analyser les situations
difficiles des individus mais surtout des placebos en guise de solutions et
pour finir une nouvelle organisation de la direction des ressources humaines qui
a surtout ouvert la porte à beaucoup d’incompréhensions et de
dysfonctionnements . Des dialogues difficiles sur les enjeux des effectifs dans les lycées et des problématiques de
double hiérarchie laissées en l’état. Une administration qui n’a pas cesser de
se développer –passant de 40 à 9000 agents en 30 ans - et qui n’a pas su
optimiser l’organisation du travail. Cette administration qui a créé les
conditions du mal être et vu ces agents tombés malades comme jamais ces
dernières années (mise en place des dispositifs ESPERE et PRAMPAMAL dont les
résultats ne sont jamais publiés).
Pour construire cette nouvelle administration, il faudra savoir d’abord
et avant tout restaurer le dialogue social. Donner des signes de justice et de
probité pour que toutes les énergies puissent travailler à un avenir commun. L’adaptation ne pourra se faire
qu’à cette condition. Sans cela, il est
fort à parier qu’une nouvelle organisation sera vécue comme un « pansement
sur une jambe de bois ».
- Comment installer une culture commune ?
Les interrogations sur la méthode sont nombreuses et
légitimes. Le calendrier des obligations législatives est connu mais pas celui
qui impactera le quotidien des agents. Sur quels principes devra s’appuyer la
nouvelle Région pour harmoniser et améliorer l’organisation des services ?
Quelle stratégie sera retenue ? Comment trouver le bon équilibre en termes
de fonctionnement et de moyens entre les
activités du siège et les activités déployées sur le territoire ? Comment
mobiliser toutes les catégories d’agents sans exception ? La logique de
projet sera-t-elle à l’ordre du jour pour accompagner le changement ?
Comment faciliter l’acceptation par les agents de ce changement ? Les
impacts du changement seront-ils évalués régulièrement et portés à la
connaissance de tous ? Les procédures seront-elles simplifiées ? Quelle
place les ressources humaines tiendront ? Les rémunérations seront-elles
revues ? Comment vont évoluer les métiers, les pratiques professionnelles ?
Comment bâtir des projets fédérateurs et porteurs de sens ? Quelle
communication mettre en place auprès des agents, des élus, des partenaires, des
citoyens ? Autant de questions pour lesquelles il n’y a pas de réponses
aujourd’hui.
Guillaume Boudy, notre Directeur Général des Services,
l’écrit : « Je mesure l’incertitude, parfois l’inquiétude qui peuvent
découler de cette situation exceptionnelle et les efforts d’adaptation que nous
aurons à faire ensemble, mais je sais que le nouvel exécutif régional peut
compter sur le professionnalisme des équipes, la connaissance des dossiers et
l’envie de faire de notre grande région un modèle de Service public du 21ième
siècle. »
L’espoir est grand,
nous espérons qu’il ne soit pas déçu.